Les statistiques ethniques aux États-Unis
Aux États-Unis, le terme de « race » est communément accepté et employé.
Contrairement à l’Insee en France, le Bureau du recensement américain (BR) a le droit d’établir des statistiques ethniques.
Une fois par décennie, le BR demande ainsi aux habitants d’indiquer leur « race », liée à l’origine géographique de leurs ascendants.
En 2020, cinq races sont distinguées par le recensement : Blanc, Afro-Américain, Asiatique, Amérindien et autochtone d’Alaska et enfin autochtone d’Hawaï et des îles du Pacifique.
Initialement, c’était le recenseur qui attribuait la catégorie de race. À l’heure actuelle, les personnes choisissent elles-mêmes leur catégorie. Depuis 2000, elles peuvent déclarer être de plusieurs races.
En 2018, on peut alors estimer que 46,6 millions de personnes sont noires, ce qui représente 13,3% de la population américaine.
Les statistiques ethniques aux États-Unis nous permettent donc de nous pencher sur les inégalités dont pâtissent les Afro-américains.
Notre article ne prétend pas expliquer les causes de ces inégalités, qui sont multiples, complexes et trouvent leurs racines dans une Histoire où le racisme a primé.
Nous entendons seulement donner une vision d’ensemble aussi complète que possible de ces inégalités, afin de mieux cerner les conditions de vie des Afro-américains à l’heure actuelle.


Une mobilité sociale freinée
En 2018, Stanford et Harvard publiaient une enquête intitulée Race et opportunités économiques aux États-Unis.
Cette étude révèle que si la mobilité sociale fonctionne bien chez les Hispaniques et les Asiatiques, ce n’est pas le cas pour les Afro-américains.
Ces derniers pâtissent de difficultés d’accès à l’éducation et à des emplois bien rémunérés.
Le fléau de la pauvreté pour les Noirs aux États-Unis
En 2015, on estime que le revenu annuel médian pour les Afro-américains est de 36 544 dollars, contre 55 775 dollars pour l’ensemble des Américains.
En 2018, 20,8% de la population noire vit en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 12 dollars par jour, contre 11,8% de la population américaine.
14 % des Afro-américains n’ont pas de compte bancaire. C’est le cas de 3 % des Blancs.
Les Afro-américains souffrent le plus du chômage
Le taux de chômage est deux fois plus élevé au sein de la population noire que chez la population blanche.
Ainsi, au premier trimestre 2020, il est à 6,6% pour la première contre 3,6% pour la seconde.
Les premières victimes du coronavirus aux États-Unis
Le coronavirus a touché de plein fouet la population afro-américaine.
À la date du 09 avril 2020, le Washington Post révèle les chiffres suivants : en Louisiane, 70 % des personnes décédées du coronavirus sont noires, alors que les Afro-américains ne représentent que 14 % de la population.

Comment expliquer cette situation ?
Tout d’abord, en raison de revenus moyens inférieurs à ceux du reste de la population, les Afro-américains souffrent d’un manque d’accès aux soins.
Par ailleurs, comme l’expliquait le directeur du CDC, l’Institut national des allergies et maladies infectieuses, Anthony Fauci« des maladies comme le diabète, l’hypertension, l’obésité et l’asthme touchent de manière disproportionnée les minorités, en particulier les Afro-Américains ».
Ces maladies sont les conséquences de conditions de vie marquées par la paupérisation. Des habitats vétustes, la promiscuité, de mauvaises conditions d’hygiène et une alimentation peu équilibrée favorisent en effet le développement de ces problèmes de santé.
Or, les personnes souffrant de ces maladies sont les plus à risque face au Covid-19.
Enfin, l’historien Pap Ndiaye explique que la population afro-américaine a été plus exposée au coronavirus car elle exerce des métiers plus « modestes » qui ne permettaient pas le télétravail et donc le confinement au mois de mars. Selon un rapport publié par l’Institut des politiques économiques américain moins d’un travailleur noir sur cinq était en mesure de travailler de chez lui.

Pour compléter cet article, n’hésitez pas à aller (re)lire une de nos anciennes publications (https://blog.the-noise.org/2020/04/26/eugene-richards/), consacrée au travail d’Eugene Richards. Dans son œuvre, ce photojournaliste se penche en effet sur les inégalités aux États-Unis, notamment celles qui touchent les populations noires.
Sources
NARDON Laurence, (2018) Les États-Unis de Trump en 100 questions, Tallandier
MUSTAFA DOUINE Horia, « Ce que disent les statistiques ethniques des inégalités aux États-Unis », Le Figaro, le 04 juin 2020 ( https://www.lefigaro.fr/international/ce-que-disent-les-statistiques-ethniques-des-inegalites-aux-etats-unis-20200604, consulté le 14 juin 2020)
LE BILLON Véronique, « Les inégalités raciales aux États-Unis : un problème persistant et un défi pour la classe politique », Les Échos, 01 juin 2020, ( https://www.lesechos.fr/monde/etats-unis/les-inegalites-raciales-aux-etats-unis-un-probleme-persistant-et-un-defi-pour-la-classe-politique-1207261, consulté le 14 juin 2020)
THIROUARD Albane, « Aux États-Unis, la population afro-américaine durement touchée par le coronavirus », La Croix, 09/04/2020, ( https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Etats-Unis-population-Afro-americaine-durement-touchee-coronavirus-2020-04-09-1201088615, consulté le 15 juin 2020)
Pour aller plus loin, nous vous recommandons la lecture de certains ouvrages :
Dark Days de James Balwin
Dans ce livre, vous trouverez trois essais écrits par James Baldwin, sur le racisme aux États-Unis.
Les États-Unis de Trump en 100 questions de Laurence NARDON
Cet ouvrage de vulgarisation, écrit par la responsable du programme Amérique du Nord de l’IFRI, est d’excellente facture. Passionnant, il offre également des réponses de qualité aux questions que l’on peut se poser sur les États-Unis.
Pour en savoir un peu plus sur cet ouvrage, vous pouvez lire cet article publié par Les Échos à l’occasion de la publication du livre : https://www.lesechos.fr/idees-debats/livres/mieux-comprendre-lamerique-de-trump-145828