Emissions de CO2, catastrophes naturelles, épuisement des ressources, pollution des eaux, fonte des glaces, Donald Trump … Depuis quelques années, nous n’entendons plus parler que des problèmes liés aux enjeux environnementaux. Et pour cause, le réchauffement climatique est bien amorcé, n’en déplaise aux conspirationnistes. Face à cet enjeu civilisationnel, plusieurs ONG tirent la sonnette d’alarme depuis des années : si nous n’agissons pas, nous risquons le pire. Les politiciens –enfin, la majorité d’entre eux- semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation. Plusieurs initiatives et politiques en faveur du climat ont été lancées, comme l’accord historique de la COP21 pour ne citer que cet événement. Malgré cela, nous sommes en droit douter de l’efficacité de toutes ces discussions politiciennes. La situation est très grave et nous avons l’impression que les réponses apportées sont bien trop molles. Pourtant, il existe des pays qui ont décidé de passer sérieusement à l’action. Cet article vous propose d’en découvrir un en particulier, le Costa Rica.
Petit pays, grande nation
Littéralement, Costa Rica veut dire « Côte riche », on peut dire qu’il porte bien son nom. Ce petit pays d’Amérique centrale a de par l’histoire toujours montré son avant-gardisme. En 1948, il devient le premier pays au monde à supprimer constitutionnellement son armée, voulant jouer le rôle de « pays neutre » militant pour la paix. Le gouvernement décide de concentrer la majorité des dépenses sur les secteurs de l’éducation et de la santé, ce qui a permis au pays d’avoir le 7ème meilleur IDH d’Amérique latine. Mieux encore, en 2009, il se hisse à la première place du classement mondial du bonheur (Happy Planet Index) et à la cinquième place de l’indice de développement environnemental. Ce petit pays fort de ses quelques cinq millions d’habitants peut se vanter d’être l’un des pays les plus égalitaires d’Amérique latine et où il fait bon vivre. Mais tous ces chiffres ne sont qu’une simple illustration des résultats de politiques audacieuses et visionnaires entreprises par les gouvernements successifs, comme l’a été la politique énergétique depuis des années.
Une politique énergétique révolutionnaire
Le 18 novembre 2017, le gouvernement costaricien annonce avoir battu son record de l’année passée : pendant 300 jours, l’électricité produite provenait des énergies renouvelables ! Hydroélectrique (78,26%), éolien (10.29%), géothermique (10.23%) et quelques miettes pour la biomasse, le solaire et les combustibles fossiles. Ce pays qui vit essentiellement du tourisme et de l’agriculture est en train de devenir une référence en matière d’écologie, et pour cause, des choix politiques qui ont pensé au long terme plutôt qu’aux solutions de facilité polluantes. En 1949, José Figueres Ferrer, alors président, décide de nationaliser tout le secteur de l’électricité (production et distribution). Durant les années 1990, le gouvernement ouvre le secteur aux investisseurs privés, mais seulement à hauteur de 30%, gardant ainsi un quasi-monopole étatique sur ce secteur stratégique. Résultat : la quasi-totalité de la population a accès à l’électricité.
Il est vrai que les conditions géographiques du pays favorisent de tels résultats, néanmoins, limiter les causes de cette prouesse à un simple aléa de la nature serait injuste envers les politiques volontaristes menées par l’Etat. Plusieurs investissements ont été faits afin de construire des parcs éoliens, des usines électriques géothermiques, et récemment, en 2016, la plus grande usine hydroélectrique d’Amérique latine. Un autre exemple illustrant ce volontarisme : en 2011, le gouvernement décrète un moratoire de 3 ans sur l’exploration des réserves pétrolières malgré le fait que l’Amérique latine soit une région qui regorge de ces ressources.
Un modèle à suivre
Pour tous les défenseurs de l’environnement, le Costa Rica est un modèle à suivre. Certes, ces prouesses énergétiques ne concernent que l’électricité, et le pays est encore dépendant en grande partie des hydrocarbures pour les transports et l’industrie qui représentent encore la majorité de la consommation d’énergie. Néanmoins, le Costa Rica a le mérite d’essayer. Il a une vision sur le long terme et des objectifs. Le président avait d’ailleurs annoncé à la COP21 que le Costa Rica voulait devenir le premier pays neutre en carbone d’ici 2021. L’environnement a depuis des décennies été intégré aux priorités du gouvernement, par exemple, après avoir perdu 50% de son couvert forestier entre 1950 et 1980, le gouvernement a amorcé un programme de reforestation et de protection de son patrimoine naturel. C’est un pays qui a compris les enjeux du siècle et qui a commencé à montrer le chemin à suivre.
A une époque où la principale préoccupation des grandes puissances concernant la fonte des glaciers est de savoir à qui appartient le pétrole en-dessous, le Costa Rica, ce petit pays en voie de développement, a beaucoup de choses à apprendre aux « pays développés ».
Hakim Fekih, NOISE ESSEC.
Si son surnom de démocratie verte n’est en effet pas usurpé aux égards mentionnés dans l’article, le Costa Rica a encore de nombreux défis à relever — pesticides, tourisme de luxe, traitements de l’eau et des déchets… Mais l’envie est là, bien ancrée dans une partie de la société civile. Il n’y a plus qu’à espérer que les ambitions environnementales du pays se réaliseront.
http://unsighted.co/amphi/costa-rica-mon-choix-naturellement/